lundi 21 mai 2012


Chronique du jour

La génétique moderne, qui a fait de fabuleux progrès ces derniers temps, nous apprend beaucoup sur l’histoire de l’homme. Sans prétendre vouloir enrôler la science dans les débats politiques, il y a quand même, dans ce domaine, quelques leçons à tirer des travaux de laboratoire. Notamment sur la définitive innanité du racisme, comme théorie pseudo scientifique. Ce que la génétique nous apprend est en effet qu’il n’y a sur terre qu’une seule race, quelles que soient les différences morphologiques et, surtout, culturelles. Un seul exemple : deux voisins de palier, blancs de peau et dont les familles habitent depuis la nuit des temps à Marseille et dans sa région, peuvent être très différents l’un par rapport à l’autre sur le plan génétique alors que l’un d’entre eux peut être très proche, génétiquement, d’un habitant du Mali ou du Vietnam. La proximité génétique, donc les caractéristiques essentielles d’un individu, celles qu’il va transmettre à ses descendants, n’est pas affaire de morphologie, de couleur de peau ou d’origine culturelle. Il y a une seule race humaine et nous sommes tous descendants d’un très petit groupe d’humain dont une partie a quitté l’Afrique, où il était implanté, pour peupler progressivement (le moyen orient d’abord, l’Europe et l’Asie ensuite, puis le nouveau-monde) la terre entière. Il y avait peut-être d’autres groupes humains, mais ceux-ci n’ont pas eu de descendants, au moins qui soit parvenu jusqu’à aujourd’hui. La génétique nous dit d’autres choses passionnantes et étranges sur notre passé. Ainsi, il y a eu, à l’époque où les descendants de ce petit groupe d’origine, commençaient à se répandre sur la planète, il y a environ 60 000 ans, au moins une autre race (tout dépend de la définition que l’on donne à ce terme), l’homme dit de Néanderthal, différent sur le plan génétique, de nous –mêmes et de nos ascendants. Celui-ci a disparu progressivement, les derniers vivant encore en Europe il y a 30 000 ans. Autre race ne veut pas dire inférieure, ou supérieure. Les quelques éléments dont nous disposons indiquent que l’homme de Néanderthal était aussi cultivé que nos ancêtres. D’ailleurs il semble que des croisements aient eu lieu, puique nous portons tous, en Europe et en Asie, et par conséquence en Amérique, quelques gènes de Néandethal… Il faut dire que, d’une façon générale, une partie de l’ADN, la molécule porteuse du code génétique, est commune à l’ensemble des êtres vivants. Ainsi l’homme a 30 % de gènes communs avec la laitue, fait qui ne devrait pas rassurer les végétariens. De tout cela il faut conclure que le racisme devrait définitivement disparaître des écrans radars de nos contemporains. D’ailleurs, de façon optimiste, on constatera que la plupart des enquêtes sur le sujet, si elles font état, hélas, d’une persistance importante des sentiments xénophobes (on n’aime pas l’étranger et sa culture, sans le considérer pour autant comme inférieur), montre une diminution drastique du racisme (qui postule faussement l’existence de races inférieures et de races supérieures) tel qu’on le défendait encore au XXème siècle, notamment, mais pas seulement, dans les milieux d’extrême droite. C’est la preuve, une fois de plus, que la science, en l’occurrence la génétique, est l’alliée de la culture et de l’humanisme.

mardi 8 janvier 2008


Convaincre sans manipuler

Philippe Breton,
Éditions La Découverte
janvier 2008

Présentation de l’ouvrage

L’homme ou la femme moderne a tout aussi besoin que le citoyen de l’Antiquité d’apprendre à argumenter pour convaincre son interlocuteur ou son public, que ce soit dans sa vie professionnelle, dans son activité de militant associatif, ou dans le cercle de ses proches. Comme le rappelle ici Philippe Breton, l’acte de convaincre, distinct de celui d’expliquer ou de celui d’informer, a le pouvoir de faire évoluer l’opinion de l’autre et peut contribuer à changer les choses.
Ce manuel pratique s’inspire directement des techniques mises au point par la rhétorique grecque et romaine. Celle-ci avait deux préoccupations indissociables, celle de l’efficacité et celle de l’éthique. La rhétorique se tenait donc à distance des techniques de manipulation, désormais très présentes dans notre environnement communicationnel.
Comme le montre cet ouvrage simple et concret, l’efficacité peut parfaitement aller de pai avec le respect de l’autre et celui de soi-même. Et, contrairement à ce qu’elle promet, la manipulation n’est guère efficace, elle est même le plus souvent contre-productive.
Réalisé directement à partir de l’expérience des formations à l’argumentation animées par l’auteur et construit autour de plusieurs dizaines d’exemples, cet ouvrage pose les grands principes du convaincre, puis développe étape après étape le « protocole de l’argumentation » permettant d’atteindre ses objectifs. Le livre se termine par des conseils concernant la prise de parole, l’élocution, la mémorisation.

L’auteur

Philippe Breton, né en 1951, est chercheur en anthropologie au CNRS (Laboratoire de sociologie de la culture européenne à Strasbourg).
Il enseigne à l’Université de Paris I.
Il s’est spécialisé dans l’étude de la parole et des techniques de communication.

Du même auteur

— L’Incompétence démocratique. La crise de la parole au cœur du malaise (dans la) politique, 2006, La Découverte
— Argumenter en situation difficile, 2004, La Découverte
— Éloge de la parole, 2003, La Découverte
— L’Explosion de la communication à l’aube du XXIe siècle, 2002, La Découverte
— Le Culte de l’Internet. Une menace pour le lien social?, 2000, La Découverte
— Histoire des théories de l’argumentation (en collaboration avec Gilles Gauthier), 2000, La Découverte
— La Parole manipulée, 1998, La Découverte
— L’Option informatique au lycée (en collaboration avec Éric Heilmann et Guislaine Dufour), 1998, Hachette
— L’Argumentation dans la communication, 1996, La Découverte
— À l’image de l’homme. Du Golem aux créatures virtuelles, 1995, Seuil, coll. « Science ouverte »
— L’Utopie de la communication, 1990, La Découverte
— La Tribu informatique, 1990, Métaillié (Grand prix de la littérature informatique 1991)
— L’Explosion de la communication. La naissance d’une nouvelle idéologie (en collaboration avec Serge Proulx), 1989, La Découverte-Boréal
— Les Technosciences en question. Éléments pour une archéologie du XXe siècle (en collaboration avec Frank Tinland et Alain-Marc Rieu), 1989, Champ Vallon
— Une histoire de l’informatique, 1987, La Découverte

Convaincre sans manipuler
Éditions La Découverte
janvier 2008
156 p., 11 €

En savoir plus

— Le blog de Philippe Breton