Chronique du jour
La génétique moderne, qui a fait de fabuleux progrès ces
derniers temps, nous apprend beaucoup sur l’histoire de l’homme. Sans prétendre
vouloir enrôler la science dans les débats politiques, il y a quand même, dans
ce domaine, quelques leçons à tirer des travaux de laboratoire. Notamment sur
la définitive innanité du racisme, comme théorie pseudo scientifique. Ce que la
génétique nous apprend est en effet qu’il n’y a sur terre qu’une seule race,
quelles que soient les différences morphologiques et, surtout, culturelles. Un
seul exemple : deux voisins de palier, blancs de peau et dont les familles
habitent depuis la nuit des temps à Marseille et dans sa région, peuvent être
très différents l’un par rapport à l’autre sur le plan génétique alors que l’un
d’entre eux peut être très proche, génétiquement, d’un habitant du Mali ou du
Vietnam. La proximité génétique, donc les caractéristiques essentielles d’un
individu, celles qu’il va transmettre à ses descendants, n’est pas affaire de
morphologie, de couleur de peau ou d’origine culturelle. Il y a une seule race
humaine et nous sommes tous descendants d’un très petit groupe d’humain dont
une partie a quitté l’Afrique, où il était implanté, pour peupler
progressivement (le moyen orient d’abord, l’Europe et l’Asie ensuite, puis le
nouveau-monde) la terre entière. Il y avait peut-être d’autres groupes humains,
mais ceux-ci n’ont pas eu de descendants, au moins qui soit parvenu jusqu’à
aujourd’hui. La génétique nous dit d’autres choses passionnantes et étranges
sur notre passé. Ainsi, il y a eu, à l’époque où les descendants de ce petit
groupe d’origine, commençaient à se répandre sur la planète, il y a environ 60
000 ans, au moins une autre race (tout dépend de la définition que l’on donne à
ce terme), l’homme dit de Néanderthal, différent sur le plan génétique, de nous
–mêmes et de nos ascendants. Celui-ci a disparu progressivement, les derniers
vivant encore en Europe il y a 30 000 ans. Autre race ne veut pas dire
inférieure, ou supérieure. Les quelques éléments dont nous disposons indiquent
que l’homme de Néanderthal était aussi cultivé que nos ancêtres. D’ailleurs il
semble que des croisements aient eu lieu, puique nous portons tous, en Europe
et en Asie, et par conséquence en Amérique, quelques gènes de Néandethal… Il
faut dire que, d’une façon générale, une partie de l’ADN, la molécule porteuse
du code génétique, est commune à l’ensemble des êtres vivants. Ainsi l’homme a
30 % de gènes communs avec la laitue, fait qui ne devrait pas rassurer les
végétariens. De tout cela il faut conclure que le racisme devrait
définitivement disparaître des écrans radars de nos contemporains. D’ailleurs,
de façon optimiste, on constatera que la plupart des enquêtes sur le sujet, si
elles font état, hélas, d’une persistance importante des sentiments xénophobes
(on n’aime pas l’étranger et sa culture, sans le considérer pour autant comme
inférieur), montre une diminution drastique du racisme (qui postule faussement l’existence
de races inférieures et de races supérieures) tel qu’on le défendait encore au
XXème siècle, notamment, mais pas seulement, dans les milieux d’extrême droite.
C’est la preuve, une fois de plus, que la science, en l’occurrence la
génétique, est l’alliée de la culture et de l’humanisme.